Qu’est-ce qu’évaluer ?

L’évaluation, selon certains auteurs, est une comparaison entre un produit attendu (les critères) et un produit constaté (les indicateurs). Par ailleurs, nous pouvons aussi considérer que l’évaluation est une observation des mécanismes cognitifs de l’apprenant en jeu dans un apprentissage spécifique. Cette observation menée par l’enseignant est orientée vers une prise de décision quant aux régulations à amener à l’apprenant afin qu’il atteigne le niveau attendu. Comme le souligne Allal (1999), les enseignants considèrent dès lors l’évaluation comme un moyen de récolter des informations sur les apprentissages des élèves.
(Colognesi, Famelart & Moinet, 2018)

Quel que soit le type d’évaluation, la communication est efficace lorsqu’elle contient 3 éléments :

• Un rappel des objectifs précis
• Un constat du niveau actuel de l’élève en comparaison au niveau attendu
• Des pistes d’actions pour réduire l’écart entre ces deux niveaux

(Hattie & Timperley, 2007), (Crahay, 2007)

Comment évaluer ?

Selon la conception de l’évaluation considérée comme une observation in situ, nous pouvons dire, comme le souligne De Ketele (cité dans Colognesi, Famelart & Moinet, 2018), que celle-ci se déroule en 3 étapes :

La première étape est « percevoir ». Cette étape consiste à observer la production de l’élève afin de recueillir des informations pertinentes.

Ensuite, l’enseignant passe à l’étape « analyser ». Il va non seulement comparer les critères attendus aux indicateurs constatés mais aussi observer les mécanismes cognitifs que l’apprenant mobilise. Cette phase « d’analyse » permet à l’enseignant d’éventuellement relever le type d’erreur ou de manquement propre à l’apprentissage visé.

Enfin, il y a l’étape « réguler ». L’enseignant va établir une décision en fonction de ce qu’il a analysé et celle-ci sera communiquée. Cette communication n’est pas à négliger car elle permet à l’enfant de progresser.

(Colognesi, Famelart & Moinet, 2018)

Sur quoi porte l’évaluation ?

L’évaluation porte sur des compétences (savoirs et savoir-faire) mais aussi sur des démarches de réalisation de la tâche complexe.

Les types d’évaluation

Voici les 5 types d’évaluation :

- Évaluation sommative
- Évaluation certificative
- Évaluation formative
- Évaluation formatrice
- Autoévaluation

Il n’y a que les trois dernières qui sont des pratiques efficaces car elles impliquent l’élève dans le processus.
(Ko, Sammons & Bakkum, 2014)

Pourquoi est-ce que ce sont des pratiques efficaces ?

L’évaluation formative

En ce qui concerne l’évaluation formative, elle se fait durant tout l’apprentissage (avant, pendant et après). Elle concerne autant l’apprenant que l’enseignant.
Elle permet de prélever des indices, voir où on en est, prendre des décisions et réguler. C’est une pratique efficace pour plusieurs raisons :

1) L’apprenant prend conscience de la qualité de ses actions → régulation
2) L’enseignant prend conscience des difficultés de l’apprenant face à l’objet d’apprentissage
3) L’enseignant va pouvoir faire un diagnostic afin de prendre des décisions pédagogiques → régulation

Elle porte sur une activité d’apprentissage ou une démarche. Elle mobilise des représentations initiales, des prérequis, des compétences et c’est une tâche complexe.

Elle peut se faire sous plusieurs formes : observations, grilles de procédure, dialogues.

Elle a pour but de former en réajustant le cheminement. Elle implique les représentations mentales des élèves et permet de donner à l’erreur un statut positif. Pour réussir une évaluation formative, les élèves doivent savoir les objectifs, ce qui les implique dans la tâche. Comme son nom l’indique, cette évaluation a pour but la formation qui se fait grâce à une régulation et non une explication.

Ces évaluations sont donc « des recueils d’informations en cours d’apprentissage dans le but de favoriser la régulation de l’enseignement et de l’apprentissage (…) ».
(Allal, 1999), (Wegmuller & Allal, 1997)

L’évaluation formatrice

Dans le cas de l’évaluation formatrice, c’est l’apprenant qui est l’acteur principal de la démarche car c’est lui qui définit les critères d’évaluation. L’enseignant joue alors le rôle de guide. 
Elle permet à l’élève de progresser dans sa formation en ciblant les critères de réussite attendus. 
Cette évaluation se pratiquera en cours d’apprentissage. C’est donc une pratique efficace car elle permet à l’enfant de développer une meilleure connaissance de soi-même, de favoriser l’autonomie et la responsabilité, de s’approprier les outils d’évaluation. De plus, l’évaluation formatrice peut aussi être considérée comme un outil de métacognition.
(Perrenoud, 1998), (de Peretti, Boniface & Legrand, 1998)

L’autoévaluation

En ce qui concerne l’auto-évaluation, c’est l’apprenant et l’enseignant qui régulent les apprentissages. Elle permettra à l'élève de mieux se connaître et de situer ses forces et ses faiblesses afin de mieux pouvoir anticiper le travail à fournir.
Elle peut se pratiquer en cours d’apprentissage ou en fin d’apprentissage selon le besoin.
C’est une pratique efficace car elle stimule les progrès, vérifie les étapes de la démarche vécue, favorise l’autonomie de l’enfant et permet de pratiquer l’auto-régulation.
L’auto-évaluation peut également être considérée comme un outil de métacognition.
(Allal, 2002)

En quoi l’évaluation sommative et certificative ne sont pas des pratiques efficaces ?

L’évaluation sommative n’est pas une pratique efficace car c’est l’enseignant qui évalue la production d’un élève en comparant celle-ci à une grille de critères. Ici, on est dans la comparaison. Le but de cette évaluation est uniquement d’établir un bilan des acquis, classer les élèves, contrôler les performances de ceux-ci et d’informer les résultats aux collègues et aux parents. Cette évaluation est donc impossible après une ou deux séances. De plus, elle classe les élèves donc cela peut provoquer un découragement pour ces derniers, dans leurs apprentissages, ou les élèves pourront avoir tendance à se comparer entre eux.
(Perrenoud, 1998)

Au niveau de l’évaluation certificative, elle se fait quand l’apprentissage est terminé (en P2 et en P6). C'est un contrôleur externe qui évalue des productions en utilisant des grilles extérieures. Le but ici est donc de mesurer, faire une sélection, obtenir un certificat et surtout contrôler le fonctionnement du système (profs et élèves) afin de l’améliorer. Elle ne va donc en aucun cas aider l’évolution de l’élève.
(Perrenoud, 1998)

Sources :
- Allal, L. (1999). Impliquer l’apprenant dans les processus d’évaluation : promesses et pièges de l’auto-évaluation. In C. De Pover & B. Noel (Eds.), L’évaluation des processus cognitifs dans l’apprentissage (pp. 33-52). Bruxelles : De Boeck.
- Allal, L. (2002). Acquisition et évaluation des compétences en situation scolaire. In J. Dolz & E. Ollagnier (Eds), L’énigme de la compétence en éducation (pp.77-94). En ligne : https://www.unige.ch/fapse/publications-ssed/files/7714/1572/5501/Pages_de_77_ENCOED.pdf
- Baillat, G., De Ketele, J-M., Paquay, L. & Thélot, C. (2008). Évaluer pour former. Bruxelles : De Boeck Supérieur.
- Colognesi, S., Famelart, L. & Moinet, V. (2018). Différenciation et évaluation des apprentissages – Cours 2 et 3 – Types et fonctions de l’évaluation ? 2NP. Powerpoint Slides, Haute École Léonard de Vinci, Louvain-la-Neuve.
- Crahay, M. (2007). Chapitre 2 : Feedback de l’enseignant et apprentissages des élèves : revue critique de la littérature de recherche. In L. Allal & L. Mottier Lopez (Eds), Régulation des apprentissages en situation scolaire et en formation (pp.45-70). Louvain-la-Neuve : De Boeck Supérieur. DOI : 10.3917/dbu.motti.2007.01.0045
- de Peretti, A., Boniface, J. & Legrand, J-A. (1998). Encyclopédie de l’évaluation en formation en éducation : Guide pratique. Paris : ESF.
- Hattie, J. & Timperley, H. (2007). The power of feedback. Review of educational research, 77(1), 81-112. DOI : http://dx.doi.org/10.3102/003465430298487
- Ko, J., Sammons, P. & Bakkum, L. (2014). Effective teaching (PDF). En ligne : https://www.educationdevelopmenttrust.com/EducationDevelopmentTrust/files/98/98ad6340-0ef6-4e1d-a541-db6018afce7d.pdf
- Perrenoud, P. (1998). L'évaluation des élèves. De la fabrication de l'excellence à la régulation des apprentissages. Bruxelles : De Boeck.
- Perrenoud, P. (2001). Évaluation formative et évaluation certificative : postures contradictoires ou complémentaires ?. Formation professionnelle suisse, 4, 25-28. En ligne : http://unige.ch/fapse/SSE/teachers/perrenoud/php_main/php_2001/2001_13.rtf
- Wegmuller, E. & Allal, L. (1997). « LEX-EVAL » Lexique d’évaluation dans le cadre de la scolarité obligatoire. Résonances, 3, 14-15. En ligne : https://issuu.com/resonances22/docs/no03_resonances_nov_1997/9